Il était une fois un 25 Décembre, la mort d'un innocent...
Pour que vous puissiez comprendre ce qui s'est passé, je vais vous conter son histoire telle qu'il l'a écrite dans sa lettre, retrouvée près de son corps.
« Le 10 Décembre, et déjà la ville est décorée par les lumières de Noël. Il est 21 heures, et déjà papa boit encore et encore devant la télé. Je me suis enfermé dans ma chambre, j'ai peur. Le chat sur mon lit n'a pas l'air rassuré non plus, ni mon frère dans sa chambre à côté. Il parle tout seul, peut-être qu'il prie. On sait très bien ce qui va se passer, c'est comme ça tous les soirs, depuis 4 ans.
J'avais 10 ans à l'époque. C'était en hiver, en Décembre même, je me souviens. Les routes étaient verglacées. Maman était partie en voiture au magasin acheter nos cadeaux de Noël. J'avais hâte qu'elle rentre. Avec mon frère, on faisait toujours une enquête pour découvrir les cadeaux avant l'heure, et ce, depuis que je ne crois plus au Père Noël. Je trouvais ça très amusant !
Je jouais donc avec mon chat ce soir là, il avait environ 8 mois il me semble, il s'appelait Saphir. D'ailleurs, il s'appelle toujours Saphir. Mon frère écoutait de la musique, "pour se calmer" qu'il me disait. Je ne comprenais pas. C'est après que j'ai compris. Pourtant on lui avait dit. On lui avait dit de faire attention car les routes étaient verglacées, mais elle ne nous a pas écouté et a finit dans un arbre. Maman n'était plus, et elle ne le sera plus jamais. Je n'ai jamais autant pleuré de toute ma vie. Et je crois même que c'était la première fois que je voyais mon frère, si grand et si fort, pleurer. Saphir était venu vers moi, surement pour me consoler, on dit que les chats ressentent la douleur de leur maître. Papa, lui, avait ouvert une bière, puis deux, puis trois, puis quatre... Il est devenu fou et a commencé à taper partout dans la maison. Moi et Saphir étions terrifiés, on ne sortait pas de ma chambre. Mon frère lui était sortit, il voulait calmer mon père. On a entendus crier, frapper, cogner, puis il est revenu dans sa chambre pleins de bleus. Il saignait beaucoup au nez et à la bouche aussi, toujours en larme. Je n'avais pas pu dormir de la nuit. J'étais trop triste, mais aussi terrifié par ce qu'il venait de se passer. Saphir s'est endormi tranquillement sur la fenêtre. Il a de la chance. Ce Noël était bien triste, et on pouvait croire que le sapin perdait plus d'épine que la normale, mais ce n'était peut-être qu'une impression...
Depuis, je n'aime plus Noël. Et depuis, papa empire. Il boit de plus en plus, et chaque année est pire : il nous frappe, nous insulte, et commence même à s'en prendre au chat. Saphir est tout pour moi. C'est maman qui l'a choisit, qui l'a élevé pour faire de lui un bon chat obéissant, et qui lui a trouvé son prénom. C'est comme si l'âme de maman était en lui, et dans ses yeux, on peut voir le même regard d'amour que maman. Je fais tout pour le protéger, je le cache dans ma chambre chaque soir, ou alors je me met a terre sur lui et prends les coups de papa à sa place. Ce soir ça va recommencer. J'ai si peur, surtout pour Saphir.
"Julien !"
C'est la voix grave et colérique de papa. Il m'appelle mais j'ai pas envie de venir.
"Julien, viens ici, dépêche-toi !"
Sous son autorité, je cède. Je sors de ma chambre en tremblant, tout pâle, je m'avance d'un pas lent vers lui. Il a une bouteille de vin vide dans la main. Je sais qu'il va me frapper avec. Il commence à m'insulter, à dire que je suis un mauvais fils, puis à me frapper, encore et encore. Mon frère arrive et se met entre nous deux.
"Toi te mêle pas !" lui crie papa.
Paralysé par la peur et bloqué dans un coin de la pièce, je ne peux qu'assister à la scène. Mon frère finit à terre, en sang. Il ne bouge plus.
"Jason, Jason relève toi ! S'il te plait Jason !"
Aucune réaction. Je pleure tellement. Lui qui avait tant fais pour moi...
Papa se dirige vers ma chambre. Non, Saphir, j'ai oublié de le cacher ! Je monte dans ma chambre en courant. Comment ai-je pu oublier ? Papa l'a déjà eu. Il le tient par la peau du cou et commence à le frapper. J'ai beau tout tenter, rien n'y fait, il ne lâche pas le chat. Pour finir, il le jette par la fenêtre de ma chambre qui se situe au 1er étage. Avant même que papa ne puisse réagir, je cours vers la fenêtre et saute. Je me suis fait très mal en atterrissant, mais la neige a un peu amortis la chute, ça aurait pû être pire. Je cherche Saphir. Il est gris foncé, sur la neige blanche il devrait ressortir. Je regarde sous une voiture, il est là. Il me regarde avec ses yeux bleus terrorisés. Je l'appelle, il vient. Il me fais confiance, il sais que je ne lui ferait jamais de mal. On est dehors, et il est hors de question de rentrer, tant qu'a faire, autant partir.
On se met en route pour trouver un endroit où dormir. Je me met à trembler de froid, quand je remarque la porte d'un garage entrouverte. Je prends sois de vérifier s'il n'y a personne, et on se cache dans un coin, derrière des pneus, des pots de peintre et autres bricoles. Il fait pas trop froid ici, on va dormir là.
Le lendemain, on repart tôt pour ne pas se faire repérer par les propriétaires de la maison. On a faim, froid, soif. Tout ce qu'on peut faire, c'est voler. Je sais que c'est mal et j'ai horreur de ça, mais c'est tout ce qu'on peut faire. Et puis si je le fais, c'est surtout pour Saphir.
Ça fais des jours qu'on vit comme ça, je ne sais pas combien de temps je vais tenir, mais aujourd'hui, Saphir à été recueilli. Je sais qu'il sera bien, ces gens prendrons soin de lui, je le sais. Il vivra bien. Moi je n'en ai plus pour longtemps. Mais ce n'est pas grave, Saphir est en sécurité et c'est tout ce qui m'importe, je n'ai plus rien à craindre.
Aujourd'hui, nous sommes le 24 Décembre, tard le soir. Les gens fêtent Noël, cette fête que je hais par dessus tout. Les gens font la fêtent, rient, dansent... pendant que d'autres crèvent de froid. Je ne parle pas pour moi, je n'y suis que depuis deux semaines, d'autres y sont depuis des années. Eux ils tiennent le coup, et moi je suis si faible que je cède au bout de deux semaines...
Je repense à Saphir, il me manque affreusement, mais j'en ai bientôt finit avec ce monde avare et égoïste, donc ça n'a plus d'importance. Là où il est, il est bien, et même si je lui ai manqué les premiers jours, il finira par m'oublier, et c'est mieux ainsi, je ne veux pas qu'il souffre.
Je repense à maman, à Jason... et à papa. La police le recherche. J'espère qu'ils vont vite le chopper, que ce monstre pourrisse en taule. Mais pour l'instant, il rôde toujours, toujours sous l'effet de l'alcool. Je vous mets en garde, faites attention à vous, et je prie pour ne pas que vous le croisiez. Et si vous croisez les nouveaux propriétaires de Saphir, dites leur de prendre soin de lui, et de le protéger.
Tiens, j'entends des cloches. Les 12 coups de minuit viennent de sonner, la dernière chose que j'entends. Un nouveau jour vient de naître, le jour de Noël, mais aussi le jour de ma mort.
Il était une fois un 25 Décembre, la mort d'un innocent... »
Accueil 
Sujet: [16] Il était une fois un 25 Décembre... 
